Le mythe du OK+
OK+/OK- , ça vous gratouille ou ça vous chatouille ?
Nous avons appris que l’alliance est à la base de la relation de coaching. Elle suppose que le client vous accorde sa confiance. Or celle-ci ne se décrète pas, elle se co-construit. Dès la première rencontre votre posture est d’emblée professionnelle face au client. N’indique t’elle pas que pour vous le point de vue de l’autre est acceptable (OK+/OK+) ? Oui, mais jusqu’à quel point vraiment ?
Vous avez déjà expérimenté les limites de cette position au cours d’une séance peut-être, et vos limitations de fait. Au détour d’une interaction, vous vous êtes sentis déraper vers le OK+/OK- ou carrément y plonger « à pieds joints » ? Ici ou là, vous vous êtes dits que votre client n’avait pas raison, et, vous l’avez sérieusement recadré. A l’insu de votre plein gré, vraiment ? Oups ! Vous avez cru peut-être que vous en saviez plus que lui sur ses besoins, ses ressources, ses freins par exemple, et vous venez de le « remettre à sa place ». Pour son bien, évidemment… Attention, danger.
La frontière est ténue entre le + et le -, entre positon basse et positon haute, entre contenu et processus. Vous savez à quel point nous devons être vigilants sur le cadre… Sans vigilance sur le cadre, nous savons tous qu’il faut redouter le triangle de Karpmann, autre concept bien connu, issu de l’AT, qui fait basculer la relation dans des attitudes toxiques.
Du OK au KO il n’y a qu’un mauvais pas.
Gardez-nous de passer d’une position OK+/OK- déjà hors du cadre de la relation à une autre bien plus violente encore et qui n’a rien à voir avec une quelconque technique de coaching. Appelons la OK+/KO, de l’ordre d’une mise au tapis, groggy. Sous prétexte d’un recadrage ou d’une confrontation fermes, ce serait un abus gravissime de notre part. La question de l’éthique se poserait sérieusement. N’imaginez pas que ce dérapage soit si rare que cela : un accident est si vite arrivé… Et aux meilleurs aussi !
Comprendre les concepts et outils de notre métier n’est pas suffisant. Dans la relation à l’autre, il nous revient de les rendre vivants, concrets, fragiles. Oui, fragiles car délicats à manier, précieux pour l’autre. Socialement parlant, à longueur de journée nous « naviguons » entre les 4 cadrans des postions de vie, sans nous en rendre compte toujours.
Dans le champ du coaching, demeurons très vigilants au contraire car c’est nous qui posons le cadre, l’incarnons et conduisons la relation. En cas de dérapage du côté du +/-, c’est par la pratique que nous repérons nos propres limitations et le travail en supervision nous enseigne comment les dépasser.