La confrontation : Un outil du coach qui (lui) fait peur ?
Mais confronter son client en coaching c’est quoi exactement ?
Pour moi, c’est l’amener à regarder un point de vue, une opinion, une croyance qu’il ne veut ou ne peut pas voir. C’est comme lui tendre un miroir, mais un miroir qui intègre un tiers dans le regard, un tiers qui commente, dirige ce regard, voir qui modifie ses perceptions.
Or une valeur intrinsèque du coaching, c’est justement d’accompagner le changement du client dans une prise en compte d’autres réalités, d’autres représentations du monde en dépassant ses freins internes.
Mais ce n’est pas particulièrement agréable d’être confronté. Cela génère une prise de conscience, des freins qui peuvent se manifester par de la colère, de la peur, de la tristesse, de la frustration etc.…
Le coach doit alors être suffisamment conscient du processus qu’il génère et suffisamment à distance émotionnellement pour pouvoir contenir les réactions du client tout en maintenant le cap.
La confrontation permet donc au client de se mettre en mouvement et de dépasser ses freins internes.
Pourquoi cette confrontation fait elle peur alors, si elle est utile au coaching?
Sûrement parce qu’elle véhicule en elle des notions guerrières, d’affrontement, de combat. Or la confrontation en coaching tient plus du choc que du combat.
Le coach n’y recourt pas pour imposer sa vision de professionnel, mais bien pour amener le client à changer.
Et pour changer, le choc est parfois nécessaire. Il faut donc que l’intensité de la confrontation soit suffisante pour que le client l’intègre, et qu’elle ne soit pas « oubliée » dans l’instant.
Les coachs supervisés ont souvent la peur d’y « aller trop fort ». Je leur renvoie que le risque est plus dans le « trop peu » que dans le « trop ». Car si c’est « trop » le client vous le fera savoir, et avec de l’humour et de la bienveillance, vous pourrez rétablir l’alliance nécessaire avec lui.
En revanche, ce qui peut être particulièrement violent pour le client c’est de se sentir jugé par son coach ou avoir le sentiment que le coach veut lui imposer son point de vue.
Il faut donc bien veiller à garder une attitude de non jugement et de bienveillance lors de la confrontation tout en restant à l’écoute des réactions du coaché. S’il se sent attaqué, mieux vaut reprendre une position basse tout en explicitant l’objectif visé par la confrontation. De toute façon, cela donne une information sur ses mécanismes de défenses, ce qui peut être utile dans la suite du coaching.
Au final le coach doit être vigilant après sa confrontation :
- Si le client ne réagit pas ou très peu: Peut être la confrontation n’était pas suffisante pour être perçue. Vérifier avec lui tout en respectant sa « non réaction » qui peut aussi être un mécanisme de défense.
- Si le client réagit émotionnellement ou cognitivement (réaction interne, tourné vers soi): La confrontation agit et le coach va continuer à l’accompagner en reflétant les changements et prises de consciences induites.
- Si le client sur-réagit en étant attaquant ou réfutant tout jugement (réaction externe, tourné vers l’autre): Reprendre une position basse en rappelant que la confrontation ne cherchait en rien à imposer un autre point de vue; elle visait plutôt à enrichir le cadre de référence du coaché en l’ouvrant à une autre vision du Monde.
Finalement, quelque soit la réaction du client, elle donne des informations au coach et permet d’avoir de la « matière à travailler »! Je vous souhaite des confrontations constructives.