De l’outil au grigri
L’outil ne fait pas la relation, il y contribue
Vouloir bien faire, voilà ce qui pose souvent problème. Et pourtant, vos intentions sont excellentes, vous voulez vraiment aider votre client. Méfions-nous d’un excès de zèle qui ressemblerait bien à du sauvetage ! Aider n’est pas sauver, notre métier n’a rien à voir avec cela : OK+/OK+, veillons à cette position essentielle dans la relation.
Et avant tout recours à des outils complémentaires pour avancer vers l’objectif, avez-vous suffisamment exploré le contexte de la demande, la demande elle-même ? Etes-vous bien sûrs d’avoir compris ce que vous dit votre client ? Où en êtes-vous de vos propres outils de coach (silence, reformulation, questionnement, recadrage, etc) ? Commençons par le commencement : l’alliance, l’accueil inconditionnel, la co-construction de la relation. Procédons prudemment dans les échanges, pas de précipitation. Vous n’avez pas à performer en tant que coachs. Juste à vous autoriser à ne rien savoir au tout début de la rencontre avec votre client. A vous (nous) de le rejoindre pas à pas dans son modèle du monde. La relation d’abord !
L’outil n’est-il pas considéré comme un prolongement de la main, comme un intermédiaire permettant de passer à l’action ? Dans le champ de la relation d’aide, du coaching notamment, il est un comme un medium qui contribue à l’émergence de ressources. Cet outil, c’est vous. N’oublions pas que de tous les outils appris, collectés, intégrés à l’extérieur, le premier de tous pour le coach, c’est essentiellement lui-même, en tant que synthèse intériorisée de tous les autres.
L’outil n’est pas un grigri
Avez-vous remarqué comme les outils peuvent faire office de bouées de sauvetage pour les coachs à l’occasion ? Vous y êtes-vous cramponnés parfois vous aussi ? Plaisanterie à part, cela arrive souvent aux coachs débutants tant qu’ils n’ont pas abandonné ce type de réflexe (de survie ?).
Vous savez aussi à quel point il serait dangereux de confondre outil et grigri : gardons-nous des tours de passe-passe. Tout puissant, le coach saurait exactement quelle méthode conviendrait toujours à tous ses clients sans distinction pour chaque problématique : un philtre, un talisman, un gadget qui résoudraient tout !
L’outil typologique : pas d’étiquetage !
Parmi les outils, modèles, approches mis à la disposition du coach, vous avez sans doute entendu parler de certaines approches de typologies de personnalités. Peut-être les utilisez-vous à condition d’y être sérieusement formés, certifiés. En tant que « réducteurs de complexité », ces modèles très intéressants exigent du professionnel beaucoup de maîtrise et de prudence. Ils sont des indicateurs, des profils, mais n’ont pas pour objet de cataloguer les individus. Trop fréquemment encore, des coachs débutants et parfois même des professionnels plus séniors utilisent dangereusement ces grilles de lecture avec leurs clients. Au mépris parfois de toute déontologie professionnelle, ils assènent des contre vérités sur la supposée explication de tel comportement ou, pis encore, de telle tendance.
Vous le savez, le maniement de ce type d’outil nécessite non seulement un solide apprentissage mais surtout beaucoup de recul par rapport à l’outil lui-même. N’étiquetons pas l’autre, ce serait la meilleure manière de le faire devenir ce que nous croyons (voulons) qu’il soit…
Gardons-nous bien de ressembler à des apprentis sorciers, confondant notre boîte à outils avec je ne sais quelle malle à illusions. Vous êtes, en tant que coachs, le premier outil de votre art. Ne l’oublions pas !